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Reporter en Irak

27 novembre 2005

Retour de Bagdad

Cela fait 1 mois et 3 jours... Il était 17 heures, heure de Bagdad. Une belle heure, celle du coucher du soleil sur le Tigre, celle où les chiennes qui se cachent dans les herbes hautes sur les rives du fleuve vont traîner près des hotels, pour nourrir leurs petits.

Nous, on étaient descendus pour acheter une bière au marchand ambulant. En période de Ramadan, c'était le seul endroit où on pouvait trouver un peu d'alcool. C'était la récompense de la journée, une cannette de bière. C'est à 10 mètres de son stand que le bruit sourd nous a surpris. Juste le temps de voir un énorme champignon de fumée blanche derrière nous, quand mon compagnon m'a fait le signe de me coucher derrière un petit bloc de béton qui empêche les voitures de pénetrer dans le lobby de l'hôtel.

Un bruit sourd d'abord, celui de l'explosion, puis celui des vitres qui éclatent. La peur de se prendre des bris de glace ou de plafond sur la tête; un peu de fumée. Puis le calme. Mon compagnon me dit de rentrer dans l'hôtel, je le suis. Là c'est l'incompréhension. Tout le monde se regarde, essaie de comprendre. Ceux qui ont déjà vécu ça ont la tête froide, prompts à l'humour noir. Le petit vendeur ambulant, qui n'a pas plus de 17 ans, lui panique, ne sais plus où aller.

Moi je suis déboussolée. Je parle calmement, mais je ne sais pas quoi faire. Lui, appelle tout de suite l'AFP, l'agence de presse dont la dépêche alertera Paris, et le monde. Le sésame pour que nos rédactions nous appellent et nous fassent travailler. Il hésite à aller voir ce qui se passe, mais préferes récupérer son télephone satelitte. Notre seul lien fixe au reste du monde. Une obsession qui aurait pû nous être fatale, mais qui nous sauva peut être la vie.

Déterminé, il me dit de monter avec lui dans la chambre. Moi, j'ai plutôt envie de me cacher dans la cave jusqu'à que ça se calme. J'imagine déjà l'arrivée de terroristes armés de Kalachnikovs pour prendre l'hôtel... "Bienvenue en Irak", un mot d'un employé de l'hôtel dans l'ascenceur, qui résonne comme un réveil pour moi... Oui nous ommes en zône de guerre, et nous en sommes les cibles. Une évidence que j'avais tendance à oublier depuis mon arrivée.

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